Entraînement de Miho

Il faisait un froid de canard, et l'ascension avait été longue. Bon, objectivement, ça faisait de l'exercice, et le taïjutsu de Miho ne s'en porterait que mieux, mais les stratégies de combat de la jeune femme n'étaient pas vraiment basées sur le taïjutsu... Enfin, un entraînement avec le chef en personne, c'était suffisament rare et précieux pour ne pas passer à côté. Et puis c'était une très bonne occasion de se dépasser. Parce qu'en face d'une machine, on n'a pas autant la trouille de faire une erreur qu'en face d'Hector, c'est un fait.

Bref, le chef et sa seconde s'étaient rendus dans un coin tranquille pour travailler un peu, jusque là, tout était normal. Et Miho avait une petite réserve de pillules, ce qui lui avait rendu le trajet plus facile. Et puis le petit déjeûner en altitude lui avait rendu des forces, juste avant les choses sérieuses. D'ailleurs, le chef n'avait pas attendu des lustres pour commencer le combat. Miho, un peu décontenacée mais motivée, tentait d'analyser le plus vite possible les attitudes d' Hector, malheureusement à peu près aussi imprévisible en combat qu'en conversation.

-Kage bunshin no jutsu !

Il commençait fort... Les quatre clones foncèrent droit sur la petite Miho qui, par réflexe, invoqua une brume de poison. Elle permettrait de détruire tous les clones à la fois, et de prodiguer à la jeune femme une cachette. Mais avant que la brume la dissimule totalement, Hector lui avait lancé des shuriken.

-Kage shuriken !

La kunoichi agit aussi rapidement que possible, faisant surgir entre les shuriken et elle un mur de terre. Le chef y allait fort, pour une première attaque. Il allait falloir qu'elle se débrouille pour trouver une issue et prendre l'initiative, sinon elle continuerait à subir les coups jusqu'à ce que sa réserve de chakra soit totalement épuisée. La jeune femme, bien à l'abri derrière son mur de terre, eût juste le temps d'invoquer silencieusement un clone avant qu' Hector lance une autre attaque.

- Doton, doryuu !
- Kage bunshin no jutsu !
-Katon, Housenka no jutsu !

Miho disparut dans la terre, tandis que son clone se plongeait dans un genjutsu.

- Koku Hangyo...
- Doton Shinjuu Zansho

La véritable Miho allait réapparaître juste derrière Hector, prête à invoquer une de ses marionnettes et la lui balancer en pleine figure, tandis que son clone restait tapis dans l'ombre, invisible, préparant lentement mais sûrement un genjutsu où plonger le boss. Elle allait lui montrer que les techniques de planqué c'était bien.

A peine la marionnette eût elle chargé qu'Hector la renvoya en plein dans la tête de Miho, et un crac sonore accompagné d'une douleur fulgurante avertit cette dernière qu'il était cassé. Elle avait sous estimé le bourrinisme d'Hector, mais elle savait aussi très bien qu'elle n'avait pas attaqué trop tôt : si jamais elle avait attendu pour sortir du sol, le chef aurait utilisé une technique de doton de bourrin qui aurait détruit son clone, et donc réduit à néan toutes ses chances de lui infliger ne serait-ce qu'une petite blessurounette de rien du tout. Bref, la jeune femme avait été dans une impasse. Et elle avait décidé de prendre des risques pour permettre à sa stratégie de fonctionner correctement. Car le principal, c'était que son clone était à l'abri, et qu'il allait très très bientôt lancer le genjutsu.

Miho se relevait péniblement du choc, encore sonnée, et Hector fonçait déjà sur elle, prêt à cracher une énorme boule de feu. Là ! C'était maintenant qu'il fallait le lancer ! La deuxième Miho, toujours dissimulée, lança le genjutsu qui sauverait la vie de l'originale. Dans la vraie vie, Miho échangeait sa place avec un sac de couchage à l'aide d'un kawarimi, et lançait des sembon dans la direction d'Hector.

Dans l'illusion, Miho fit une tentative désespérée pour éviter l'attaque.

- Doton Doryuu !

Pendant ce temps, la vraie Miho priait pour que ses sembon atteignent leur cible. Ceux-ci n'étaient pas empoisonnés, mais ceux qu'elle utilisait d'habitude l'étaient. Alors s'ils touchaient leur cible... ça voulait dire que sa stratégie pouvait fonctionner. Peut-être pas que quelqu'un comme Hector, mais sur un shinobi de rang un peu inférieur, sûrement...

Miho ne s'attarda pas pour regarder si ses sembon faisaient mouche. Elle se précipita sous le sol, avec une de ses techniques de doton. De toute façon, la réaction d'Hector la renseignerait sur la réussite ou non de sa tentative. Et en effet, la voix du chef résonna dans la montagne. Et il devait être haut...

* Rhaaaa... Ca y est, chauve souris no jutsu... Bon bah c'est fini, ma petite. *

-Doton Pi-ku !

Oui, c'était le cas de le dire. Car le jutsu du chef avait exercé des perturbations dans la roche, forçant Miho à réapparaître à l'air libre, coincée entre deux pics de terre pointus comme des lames. La situation devenait réellement difficile, d'autant que la jeune femme fut rapidement informée que son clone avait été détruit par la technique d'Hector. Comment faire pour se sortir de là, alors ? Miho se colla contre un des pics, espérant s'y dissimuler le plus longtemps possible.

* Réfléchis... réfléchis vite... Trouve un truc TOUT DE SUITE !*

Car Hector l'avait probablement déjà repérée. C'était peine perdue de se cacher lorsque le chef était en mode homme-volant. Et aucune technique ne pouvait l'atteindre, alors que la portée des siennes était absolue. Alors, encore un genjutsu ? C'était la seule solution envisageable. Mais Hector avait dû y penser. Et il s'était fait avoir une fois, il ne tomberait pas deux fois dans le panneau. Quoi, alors ? Le cerveau de Miho était un peu embrumé, et son nez cassé l'empêchait de respirer convenablement. Elle n'avait pas spécialement envie de mourir en entraînement, et savait très bien qu'elle n'avait aucune chance contre le boss dans un combat sérieux. C'était fini, il fallait être capable de le reconnaître. Et foncer tête baissée ne servirait à rien d'autre qu'à faire perdre son temps à Hector. La jeune femme adressa un signe à son sempaï, en criant assez fort pour qu'il l'entende :

- Je me rends, Hector-sama.

Le combat avait été bref, et elle s'était faite massacrer. Jusque là rien d'étonnant... Mais bon, son genjutsu avait fonctionné, c'était toujours ça de pris. Miho sortit sa petite boîte de pillules, et en avala une verte, pour faire passer la douleur et la frustration de ne rien pouvoir faire contre Hector.

Fort heureusement pour Miho, Hector arrêta immédiatement les hostilités. Il n'avait même pas l'air fâché, d'ailleurs, ce qui était plutôt une bonne nouvelle. Mais lorsqu'elle entendit le compliment qu'il venait de lui adresser, la jeune femme se sentit proche d'atteindre le palais du bonheur céleste. Cette joie, combinée à l'effet bénéfique de la pillule verte, atténua grandement la douleur lorsque le boss lui remit le nez en place. Bon, elle avait eu chaud aux fesses, la petite Mimi, mais ça en valait la peine. Aussi dit elle, juste après avoir essuyé son nez avec un moucheoir :

- Merci, Hector-sama.

Mais déjà, le chef disparaissait, pour aller chercher quelque chose dans la tente... Un instrument de torture, probablement, sorti tout droit de son esprit tordu mais génial. Sûrement le genre de chose dont on se demande quoi faire quand on tombe dessus par hasard, mais qui rend tout entraînement redoutablement difficile. Dans ses pensées, Miho failli ne pas voir les gants qu'Hector lui balançait. Mais elle redescendit sur terre juste à temps pour les attrapper au dernier moment, avec l'air de se demander ce qui lui arrivait.
-Enfile ça Miho-San.

Miho enfila docilement les gants, et ne tarda pas à découvrir à quoi servaient les trucs incrustés partout ce qu'ils permettaient d'améliorer... En effet, la jeune femme avait l'impression d'avoir les mains et les poignets totalement bloqués par des kilos de... de... de quelque chose de très lourd. Le moindre mouvement semblait demander un effort surhumain. Pour une kunoichi qui avait l'habitude de faire ce qu'elle voulait de ses doigts agiles, c'était un coup dur.

-Attache tes fils de chakra à ta marionette, et fais lui faire autant de mouvements que possible.

Miho acquiesa, et accocha à chaque point clé de sa marionnette un fil de chakra. Maintenant, le plus dur restait à faire. Les gants lui appuyaient dessus, et Miho n'avait pas spécialement l'habitude de fournir de gros efforts musculaires au niveau des doigts. L'exercice était perturbant, et le résultat... lamentable. Au terme d'une tentative désespérée, la jeune femme parvint à déclencher un coup de poing molasson de sa marionnette, qui s'écroula par terre l'instant d'après.

* Je ne peux plus... *
* C'est pas vrai, t'es pas arrivée jusque là avec une volonté de verre à dent, si ? *

Mouais, bon argument. Miho grimaça légèrement, exaspérée par ce truc qui lui donnait envie de coller une droite au vide. Bouge, l'index... BOUGE ! Et ce flemmard qui n'était pas foutu d'écouter ce qu'on lui disait... Ah, si, un peu. Encore un peu... Ouais ! Le petit doigt, maintenant... Rhaaaa, le pauvre, lui qui était si frêle, si faible, si... MAIS BOUGEUH !

Et c'est ainsi que, très péniblement, le pantin se retrouva sur ses jambes, et réussit même quelques pas, avant de s'écrouler à nouveau, comme une pauvre poupée de chiffon. Miho avait d'ailleurs l'impression d'être dans le même état de décomposition : si Hector lui avait proposé cet exercice, c'était parce qu'il la croyait capable de réussir. Alors si elle échouait, ça voudrait dire qu'il la surestimmait, et donc, inéluctablement, qu'il serait déçu.

* Tu vas te faire engueuler, Miho-saaaaaaaan ! *
* Boucle la, toi. *

Mais oui, c'est en insultant ton moi intérieur que tu vas y arriver... Bref, arrête de penser. Chaque mouvement était une torture, mais Miho tenta le tout pour le tout. Elle allait essayer un enchaînement mainte et mainte fois travaillé : charge, coup, roulade d'esquive, garde, coup. Ses doigts et ses poignets hurlaient déjà à la mort, mais la jeune femme s'aidait davantage de ses fils de chakra. Certes, cette méthode ne suffisait en aucun cas à exécuter un mouvement correct, mais elle pouvait donner un petit coup de main, en plus de celui apporté par la pillule verte. Ah, elle avait vraiment bien fait de la prendre, celle là.