Réunion des chefs de clans

C'était une splendide matinée : plus un ennemi en vue depuis deux bonnes semaines, plus de combats sanguinaires... Et, surtout, le clan Hyûga pouvait reprendre ses activités normales, ses membres n'étant plus mis à contribution pour la surveillance constante des environs du village. Les entraînements avaient repris normalement, et tout le village était plus détendu. Bref, la guerre était terminée et tout le monde en était ravi. Keiko l'était tout particulièrement, d'ailleurs, puisqu'elle savait que Genji, son Genji devait rentrer au bercail dans la matinée. Ils ne s'étaient pas vus depuis un an, maintenant, et les quelques missives qu'ils s'étaient échangés ne compensaient pas vraiment l'éloignement.

Mais voilà, ce jour était aussi celui que l'Hokage avait choisi pour organiser une petite réunion de tous les chefs de clans. Il devait avoir quelques informations à leur faire parvenir, ou alors quelques avertissements ou conseils à leur donner. Quoi qu'il en soit, la présence du chef du clan Hyûga n'était pas en option. Donc, bien que Keiko eût préféré retrouver son fiancé ailleurs que dans le bureau du chef du village, un ordre ne se discutait pas. La jeune femme était donc partie un peu en avance, comme à son habitude, vers le lieu de rendez-vous. Une réunion du clan Hyûga devant également avoir lieu dans l'après-midi, elle avait laissé son kimono d'entraînement au placard pour la tenue traditionnelle des dirigeants de la Sôke : un long kimono de soie blanche. Il n'était pas impossible de se battre avec, il offrait d'ailleurs une grande liberté de mouvement, mais étant donné sa facture, il était mal venu de le réduire en miettes.

Les gardes du bâtiment d'administration avaient apparemment été mis au courant de la petite réunion, car ils laissèrent Keiko entrer sans poser de question. C'était un progrès d'organisation notable, un des détails qui faisaient que l'ambiance était moins oppressante au village caché de la feuille. Arrivée devant le bureau de l'Hokage, Keiko n'eût même pas à frapper à la porte : les deux andouilles qui gardaient l'entrée la firent entrer. La jeune femme s'inclina devant le grand chef.

- Bonjour, Hokage-sama.

Hoï avait été prévenu par un jounin spécial, au saut du lit, vers onze heures. Il avait du se frayer un chemin entre les bouteilles vides et les détritus qui parsemaient sa villa, mais était tout de même parvenu à réveiller le colosse. Hoï s'était empressé de s'habiller, dévoilant son anatomie au jounin. Mais quand Hokage-Sama avait besoin de quelque chose, il pouvait compter sur l'enthousiasme et le bonne volonté de l'Akimichi.

Il s'était ensuite dirigé vers le centre admistratif et plus précisément vers le bureau du boss. Les pas d'Hoï raisonnaient sur le parquet du couloir ou les gardes le saluèrent. Il leur rendit leur salut.

-Salut les minettes, le boss m'attend.

Les deux gardes de la porte s'écartèrent et l'Akimichi ouvrit la porte du bureau à la volée avec ses immenses mains. Il du baisser un peu la tête pour passer l'encadrement. Il lança immédiatement un signe de la main à l'Hokage.

-Yo boss !

Puis ses yeux dérivèrent vers les deux chefs de clan déja présents. Il voyait souvent Keïko pendant la guerre, mais depuis quelques semaines c'était le calme plat. Il baissa la tête en sa direction.

-Keïko-San.

Puis il mit une tappe monumentale du plat de son énorme main dans le pauvre petit dos du Uchiha.

-Genji-San, ça faisait longtemps. Tu as du affronter de redoutables adversaires au front. Je te ferais le récit de mes aventures chez toi, j'imagine que les Uchiha vont faire un banquet pour fêter ton retour, et bien entendu j'y serais convié.

« Bonjour Genji. »

Déja le petit Uchiha était honteux. Il reprit sa petite bouille de "mais j'ai rien faiiiit" digne d'un enfant de trois ans. L'Hokage ne lui en voulait même pas de cet affront, et il se sentit bien triste d'avoir prêté à son maître des intentions qu'il n'avait visiblement pas. Il releva encore un peu plus le col de sa veste, cachant entièrement sa bouche. Mais la porte s'ouvrit brusquement, et Hoï entra dans la pièce comme une furie. Il s'adressa brièvement à Keïko et à l'Hokage mais envoya une bourrade qui coupa le soufle de l'Uchiha.

-Genji-San, ça faisait longtemps. Tu as du affronter de redoutables adversaires au front. Je te ferais le récit de mes aventures chez toi, j'imagine que les Uchiha vont faire un banquet pour fêter ton retour, et bien entendu j'y serais convié.

Genji du se remettre droit car la tappe virile de l'Akimichi l'avait fait vaciller.

-Bien sûr Sempaï, tu es convié. J'espère qu'Hokage-Sama nous fera aussi l'honneur de sa présence.

Invitation officielle d'un chef de clan, le Senju ne pouvait plus refuser. Cela leur donnerait l'occasion de discuter un peu, bien que la compagnie d'Hoï l'empêcherait peut-être de faire ne serait-ce qu'un mouvement sans lui compter Ô combien ses adversaires étaient valeureux. Puis se fut le défilé. Les uns après les autres, tous les chefs de clan c'étaient retrouvés dans le bureau. La joviale Inuzuka tira un sourire à Genji, qui lui envoya un signe de la main. Le dernier à entrer fut un Aburame qui portait tout son mystère sur lui. La réunion pouvait commencer.

-Bien, nous voila tous réunis. Les chefs de clan vous écoutent Hokage-Sama.

Tout le monde était donc bel et bien arrivé, à peu près à la bonne heure mais bon, ne soyons pas si tatillon après l’orage, voire la tornade sanglante qui avait ravagé les lignes de Konoha dernièrement.
Tsunehide salua les derniers arrivants, en l’occurrence la cheftaine Inuzuka et consorts.

Bien qu’il ne le releva pas, le Senju pris au vol l’invitation officieuse lancée par Genji, nul doute qu’il se rendra effectivement à cette petite fête.
Celui-ci pris d’ailleurs les devants pour annoncer l’effectif qui était au complet.

« Très bien, installez-vous donc. »

Tsunehide désigna les tables entreposées devant son bureau. Il attendra que chacun ait pris place avant d’en faire autant sur son siège.

« Tout d’abord, je suis heureux que vous ayez pu répondre à cet appel et ce, avec le sérieux et le sourire retrouvé après ces temps bien sombres que nous avons tous connus. 
Je tiens d‘ailleurs à vous féliciter personnellement pour la bravoure et la dévotion dont vous avez fait preuve durant la bataille.»

Il marqua un temps d’arrêt, observant chacun des shinobis avec un mince sourire, très mince.

« L’ordre du jour de cette réunion est simple : la reconstruction effective du village. Les clans que vous représentez font bien entendu la force et la renommée de Konoha.

Le Conseil et moi avons pris la décision d’abandonner l’ancienne politique vous concernant. En effet, avec le temps, vos leaders avaient pris pour habitude d’enseigner à tous les shinobis du village, délaissant par la force des choses l’apprentissage de vos ninja respectifs.
Ainsi, nous vous convions dans le cadre de l’enseignement, d’entraîner uniquement les membres de vos clans. »

Voici la première directive prise en direction des clans. Le kage désirait un enseignement optimal au sein des familles pour cela, les chefs ne pouvaient plus se permettre de dispatcher leur temps avec les autres ninja de Konoha. La force principale du village résidait dans ces clans, la nouvelle consolidation militaire passait par conséquent par cette mesure.

« Pour le reste, rien ne change. Nous comptons toujours sur vous concernant la défense des remparts du village. »

Il était rare que les hautes instances envoient les chefs de clans hors de leur base, ils représentaient le trésor de Konoha et par conséquent, il se devait de minimiser les risques de perdre ce contenu.
Alors pourquoi avoir expressément envoyé Genji au front ? Cela pouvait trotter dans la petite tête de l’Uchiha et peut-être pas que dans la sienne.

« Avez-vous des questions ou autre sur ces points ? »

Ses prunelles passèrent inéluctablement en revue les différents protagonistes.

Keiko dût se retenir pour ne pas sauter au cou de son fiancé, lorsque celui ci entra dans le bureau. Elle n'eût pas à se retenir bien longtemps, d'ailleurs, puisque Genji vint vers elle presque tout de suite. La Hyûga ne semblait pas avoir remarqué le changement passager de l'expression de Genji, ou alors elle lui laissait le bénéfice du doute. Quoi qu'il en soit, ils étaient tout près l'un de l'autre, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps, très longtemps. Keiko prit un moment pour détailler son fiancé. Heureusement, la guerre n'avait pas laissé de cicatrices visibles, même s'il semblait moins... joyeux qu'avant son départ pour le front. Cependant, le moment était mal choisi pour parler entre amoureux, donc l'attention de la jeune femme se reporta sur les nouveaux arrivants, qu'elle salua avec plus ou moins d'enthousiasme.

Lorsque l'hokage commença son petit discours, Keiko resta attentive. Surtout parce que, parfois, les expressions qui s'affichaient sur le visage du chef du village étaient déroutantes. En particulier lorsqu'il évoqua la bravoure et la dévotion de ses shinobi, la Hyûga crut déceler une petite moquerie, dont elle ne parvenait pas à saisir le sens exact. Ben quoi ? Seul Genji était allé sur le front, mais tous s'étaient battus pour le village... En tous cas, le clan Hyûga avait été suffisament mis à contribution pour que Keiko ne se sente pas directement visée. Mais quand même... C'était bizarre.

La suite du discours était nettement plus réjouissante : Keiko était tout à fait favorable à cette nouvelle mesure. Les chefs de clan étaient généralement très occupés avec leurs propres shinobi, ils n'avaient pas besoin de former des imbéciles souvent incapables de comprendre le sens du mot discipline. Et ils n'étaient pas toujours les mieux placés pour une formation généraliste. La Hyûga montra d'ailleurs ouvertement ce qu'elle pensait de cette nouvelle directive, se laissant aller à un petit sourire et à un hochement de tête, alors qu'en son fort intérieur, elle sautait de joie.

La dernière phrase tirade, par contre, la laissait circonspecte. Sans doute parce que Genji, son fiancé, était un chef de clan, et que si le devoir des chefs de clan était de rester à l'intérieur du village, comme venait de le souligner l'Hokage, il était incompréhensible qu'il ait envoyé l'Uchiha sur le front. A moins que ce ne soit justement parce que c'était un Uchiha. Mais s'il ne lui faisait pas confiance, alors pourquoi l'envoyer dans des missions d'espionnage ? C'était un test, peut être ? L'autre solution était que Genji s'était porté volontaire pour partir au front, histoire de redorer le blason des Uchiha. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas lui en avoir parlé ? Et il n'avait pas eu l'air enchanté de s'éloigner de la Hyûga pour courir après le Tsushikage... Keiko tourna donc les yeux vers Genji, pour voir ce qu'il pensait de tout ça. En tous cas, la jeune femme faisait confiance à l'Hokage : s'il avait pris une décision, il avait eu raison de la prendre.